L’Histoire du Lusitanien

Le Lusitanien à l'origine du mythe des Centaures...

Celui que l’on sait depuis peu être le plus ancien cheval de selle du monde est originaire du Portugal, lui-même un des plus vieux pays d’Europe. Ce pays portait alors le nom de Lusitanie. Ce petit pays connu un développement territorial rapide, grâce en partie à sa défense dans laquelle le cheval Lusitanien joua  un rôle prépondérant. Phéniciens, grecs et carthaginois se heurtèrent à des cavaliers qui se distinguaient par la rapidité exceptionnelle de leur chevaux, leur technique de combat particulier et par ce qui était déjà l’Art Équestre.

Cavalier de l'Apocalypse de Lorvao - XIIème siècle

La maîtrise de cet Art est à l’origine du mythe des Centaures ainsi que d’une légende selon laquelle ces chevaux seraient les fils du Vent. Les chevaux les plus rapides participaient même à des courses de chars dans les arènes romaines.
Durant un processus long de plusieurs millénaires se sont créées deux races bien distinctes de pur-sang (à côté du pur-sang arabe de l’Antiquité), soit le pur-sang ibérique, un cheval d’origine de l’ancienne région de Baetica (l’Andalousie d’aujourd’hui), appelé « Pure Race Espagnole » (PRE), et l’autre du Portugal, appelé « Pur Sang Lusitanien » (PSL).

Un cheval de Roi...

Pendant des millénaires, les Lusitaniens étaient élevés presque exclusivement pour la guerre. La vie du cavalier dépendait de son cheval. Homme et monture ne faisaient qu’un, le cheval essayant de « lire les pensées de son cavalier » (Manuel Tavares Veiga).
Si son talent et sa bravoure en firent un guerrier valeureux et un cheval de tauromachie hors du commun, sa beauté, sa noblesse et son rassembler inné fascinèrent les Rois et les grands de ce monde qui se faisaient peindre ou sculpter sur des Lusitaniens, reconnaissables à leur port altier et leur profil convexe que l’on ne peut confondre avec aucune autre race.

Les Grands Écuyers des siècles passés en feront l’éloge dans leurs traités, tel Antoine de Pluvinel de la Baume, Directeur des Grandes Écuries sous Henri IV, Salomon de La Broue qui dira de lui « je le mets au premier rang, lui donnant ma voix, comme au plus beau, plus noble, plus gracieux, plus brave, et enfin plus digne d’un Roy », propos appuyé plus tard par le Duc de Newcastle les trouvant « extrêmement beaux, et les plus propres de tous à être portraits d’un pinceau curieux, ou pour la monture d’un Roi, lorsqu’en la gloire et Majesté il veut se montrer à ses peuples ».

François Robichon de la Guérinière, l’Illustre Écuyer du Roi, directeur du Manège Royal des Tuileries écrit dans le chapitre V de son Traité « (…) tous l’ont regardé comme le premier de tous les chevaux pour le manège, à cause de son agilité, de ses efforts, et de sa cadence naturelle; pour la pompe et la parade, à cause de sa fierté, de sa grâce et de sa noblesse; pour la guerre dans un jour d’affaire, par son courage et sa docilité. Quelques-uns s’en servent pour la chasse et pour le carrosse; mais c’est dommage de sacrifier à ce dernier usage, un si noble animal ».

La Révolution marquera la chute de la Noblesse, de la Royauté mais également de ses chevaux et de son Art Équestre… Aux chevaux ibériques, on préférera dorénavant les arabes, plus rapides et endurants, puis plus tard des chevaux plus lourds, des carrossiers permettant de tirer de lourds canons ou encore les pur-sang anglais, à la mode dans la bourgeoisie du XIXème siècle.

Il faudra attendre le tout début du XXème siècle pour voir renaître le Lusitanien, grâce aux travaux de Ruy d’Andrade, passionné de généalogie, et Manuel Tavares Veiga, héritier de la célébrissime Quinta da Broa, dont la rigoureuse sélection a donné naissance à une lignée d’exception aujourd’hui à l’origine de toutes les lignées actuelles.

Pur-Sang Lusitanien, Pure Race Espagnole, andalou ou ibérique ?

« Cheval Lusitanien, Lusitano, Pur-Sang Lusitanien, tous ces termes nomment le même cheval : le Lusitanien, dont le berceau se situe anciennement en Lusitanie et aujourd’hui au sud du Tage, dans les limites du Portugal. L’ouverture tardive du stud-book de la race, en 1967, a officialisé l’acceptation de  l’expression « Cheval de Pur-Sang Lusitanien », confirmant par le terme pur-sang la pureté d’un cheptel dont les origines se perdent dans la nuit des temps.
Le Pure Race Espagnole (PRE) désigne le cheval élevé anciennement en Baetica romaine, puis en Andalousie, et aujourd’hui, un peu dans toute l’Espagne.
La race est enregistrée dans un stud-book fondé en 1912 et tient, à juste titre à faire respecter l’expression « pure race espagnole », afin de bien se dissocier des chevaux sans papiers qui spolient le marché européen par l’intermédiaire de marchands sans scrupule et dont le nom usurpé d’andalou trompe les clients les moins initiés.
La duperie est audacieuse et ingénieuse puisqu’elle dérobe à l’histoire un nom noble et apprécié, Andalou, qui servait, comme les termes cheval d’Espagne ou genet d’Espagne, à désigner le cheval ibérique tant espagnol que portugais, avant que l’histoire ne se charge de bien différencier les deux races. »*

*Ce texte a pour source Le Cheval Lusitanien, magnifiquement écrit par Lætitia Boulin-Néel aux éditions Larivière.
Vous pouvez également consulter l’article consacré au Lusitanien sur Wikipédia et trouver les œuvres de Lætitia Boulin-Néel sur les site suivants : Decitre / Fnac / Amazon

Campero, Pure Race Espagnol
Horus, Pure Race Lusitanien

L'élevage aujourd'hui...

Cette forte volonté de « plaire » à son cavalier, sa coopération  légendaire, des nerfs solides et sa docilité distinguent encore aujourd’hui le cheval lusitanien des autres races de chevaux. L’élevage actuel du lusitanien repose encore sur ces critères de qualité, même si le cheval de guerre a passé la main au cheval de combat pour la corrida et au cheval de spectacle.
Toutefois, deux philosophies d’élevage ont quelque peu séparé les élevages qui tendent, pour beaucoup, à faire évoluer le lusitanien vers une morphologie typée sport, lui permettant de rivaliser avec les chevaux allemands et le rapprochant énormément du look de ce dernier, et les puristes qui tendent à conserver le type baroque. Seule la conservation de son mental exceptionnel fait l’unanimité à la fois des « sportifs » et des « artistes ».

Zurabo

L’élevage du PRE, n’a pas continué dans cette tradition et d’autres critères de qualité sont recherchés aujourd’hui pour élever plutôt des chevaux de loisir ou encore d’attelage.
Le contrôle de la pureté de la race est géré par l’Associação Portuguesa de Criadores do Cavalo Puro Sangue Lusitano, dit l’APSL, organisation sous contrôle du Ministère de l’Agriculture Portugais.

A l’aube du XXIème siècle, le cheval Lusitanien s’illustre dans de nombreuses disciplines… Ainsi, en concours complet tout d’abord puis en CSO sous la selle du célèbre cavalier olympique John Withaker, NOVILHEIRO gagna trente épreuves durant sa première année. En 1983, il fut le cheval le plus primé d’Angleterre et le cheval le plus rapide du circuit.

Une équipe montée sur des Lusitaniens est vice-championne d’Europe 1993, 1994 et 1995 en horse-ball. De plus en plus utilisé en TREC, il excelle également en attelage, mené d’une main de maître par le champion du monde Félix-Marie Brasseur. Citons également Carlos Pinto et Notavel Puy du Fou qualifié pour les Jeux Olympiques de dressage, Catherine Henriquet avec Orphée, Juan Antonio Jimenez et Guizo tournant au niveau international. Le Cadre Noir de Saumur lui a récemment ouvert ses portes, puisque l’on compte aujourd’hui, parmi les selles français, un lusitanien. On le retrouve également, grâce à sa docilité et sa patience dans les productions cinématographiques, dressé par Mario Luraschi.

Le Lusitanien excelle également en équitation de travail et bien évidemment en tauromachie, où, toute polémique mis à part, le spectacle d’un Cagancho allant au taureau sous la selle d’un Pablo Hermoso de Mendoza est sans conteste d’une fascinante beauté . Mais s’il est une discipline sublimant la beauté, la noblesse, et les dons naturels du lusitanien, c’est avant tout l’Art Équestre, la Haute-École, telle que pratiquée encore aujourd’hui par le Maître Luis Valenca Rodrigues au Portugal, élève du Maître incontesté du XXème siècle, Nuno Oliveira.

Pablo Hermoso de Mendoza et le célèbre "Cagancho"
Maitre Nuno Oliveira

Où admirer des Lusitaniens, entre autres…

Chez Lucien Gruss, au haras d’Uzès, lors de représentations en liberté
Au Parc du Puy du Fou en Vendée
Chez Bartabas au Théâtre Zingaro à Aubervilliers
A l’Académie du spectacle équestre à Versailles
Au Musée Vivant du Cheval créé par Yves Bienaimé à Chantilly
Lors du Championnat de France à Beaucaire
A la Feira de Golega, au Portugal
Lors du spectacle équestre Apassionata en Allemagne où l’on peut retrouver Luis Valenca mais aussi les Hasta Luego.
A l’Ecole Portugaise d’Art Équestre à Lisbonne

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